Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 22 août 2012

Ayala perd sa tête


Vous connaissez le champagne Ayala. Une marque ancienne (1860) qui a beaucoup changé de mains avant de tomber dans l’escarcelle de Bollinger, pour son plus grand bonheur. Quand Bollinger a racheté en 2005, le président d’alors, Ghislain de Montgolfier, grand homme parmi les grands de Champagne, a engagé Hervé Augustin pour diriger Ayala.

C’est peu de dire qu’il a relevé le gant. En sept ans, il a remis des couleurs aux joues de la vieille endormie. Fin connaisseur du milieu et du consommateur, il a tout de suite emmené l’ensemble de la production vers moins de dosage, sortant même un non-dosé pour mettre en relief les qualités de ses vins… dosés. En bon manœuvrier, il a sorti il y a deux ou trois ans un coffret qui contenait deux bouteilles du même Brut Majeur, l’une non-dosée, l’autre dosée à 8 g/l. L’idée étant de comparer deux sortes de champagne, histoire de savoir quoi est quoi, j’en avais parlé ici. Il avait aussi sorti un rosé zéro dosage et une version sans de sa cuvée de prestige, Perle.

(pour les lecteurs qui viennent de découvrir ce blog, rappelons que « dosage » signifie la quantité de sucre ajouté au moment du dégorgement)

Toujours très en phase avec chaque segment de marché, il a multiplié les cuvées, soigné les habillages. Élevé au champagne, ce neveu de Bernard de Nonancourt, autre figure majeure de l'appellation, a justement commencé sa carrière chez Laurent-Perrier. L’homme est drôle et discret, dans un registre assez britannique pour avoir beaucoup plu quand il allait présenter ses vins sur les marchés extérieurs. D’une marque basique d’hypers, il a fait une marque repère pour les amateurs, une marque spécialisée, de très bon niveau. 2011 a été la meilleure année d’Ayala sous son mandat et, certainement, depuis très longtemps sinon ever.
Voilà qu’il démissionne.

Pour avoir eu la chance de le côtoyer un peu, je trouve que ça ne lui ressemble pas tellement. Le pourquoi du comment des luttes d’influence au sein du groupe Bollinger ne nous regarde pas, ne nous intéresse pas, mais on peut se demander s’il est très stratégique de laisser (ou faire) partir un très bon à un moment où les maisons de Champagne ont grand besoin de se concentrer sur leurs forces les plus vives pour gagner la bataille des effervescents dans le monde entier. Cela dit sans préjuger de son successeur qui entre en fonction dans cinq ou six semaines.

En tous cas, la concurrence doit déjà commencer à affûter ses arguments pour tenter de récupérer le glorieux transfuge. Et moi, ce soir, je vais tirer un bouchon de Brut Nature. Faites pareil, c’est très, très bon.

Photo D.R.

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